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lundi 7 janvier 2008

Le petit avocat de la cause impériale

La circonscription « baromètre » traditionnelle vote du bord gouvernemental selon la tendance générale. D’autres circonscriptions disent autre chose. Celle de Mercier sur le Plateau Mont-Royal est sans aucun doute celle qui exprime le mieux l’état des lieux chez les indépendantistes.

En 1976, elle élisait Gérald Godin, poète emprisonné pour des motifs politiques quelques années auparavant, en battant le premier ministre Bourassa dans son comté. L’exploit n’était pas banal non plus sur le plan des comportements linguistiques électoraux : élire un député du PQ dans une circonscription où les électeurs ne sont qu’à 77% de langue maternelle française mérite qu’on s’y attarde.

Contrairement à ce que notre bonententisme atavique nous suggère, ce ne sont pas les anglos et les allophones qui ont eu un comportement différent et déterminant dans ce cas. Portée par les universitaires et les artistes installés en grand nombre sur son territoire, la majorité francophone de la circonscription s’est révélée cette fois-là et depuis ce temps comme la plus indépendantiste du Québec. Que des allophones se soient montrés plus ouverts à l’indépendance à la suite des mandats de Gérald Godin est probable, mais pas déterminant.

Le recul de la compagnie ESSO concernant l’anglicisation de la raison sociale de ses dépanneurs est venu dernièrement nous démontrer que la combativité permanente et le vigile de tous les jours pratiquée par les indépendantiste du Plateau est redoutable pour nos adversaires… et quand ces derniers sont au PQ, la lutte ressemble forcément à une guerre civile tranquille mais réelle.

Lorsque Gérald Godin, atteint d’un cancer du cerveau, a finalement décidé de démissionner et qu’il a fallu lui trouver un remplaçant pour les élections de 1994, la direction du PQ a pensé bien faire en moussant la candidature d’un Québécois issu de l’immigration italienne : l’avocat Giuseppe Sciortino. On avait dû recourir à un deuxième scrutin pour choisir le candidat du PQ, mais Sciortino n’avait pas gagné. Dans les journaux, on laissait entendre que le camp opposé à Sciortino était raciste et tentait d’exploiter un Gérard Godin au bord de la mort.

C’est Robert Perreault qui avait été élu. L’homme n’avait vraiment rien d’un raciste ou d’un politicien véreux. Au cours des années subséquentes, il s’est révélé un très bon ministre, que ce soit de la Métropole ou de l’immigration alors que Sciortino continuait de pisser son vinaigre d’opportuniste espérant devenir le baron ethnique virtuel du PQ et faire la leçon à chacun sur les questions identitaires.

Ayant moi-même grandi avec des Italoquébécois, dans ma famille et parmi mes amis, je sais très bien à quoi m’en tenir à ce sujet. Un sondage des années 1990 montrait que parmi les personnes interrogées, les Italoquébécois étaient ceux qui considéraient le plus les Québécois comme racistes. Il ne s’agissait pas des Italoquébécois francisés de ma connaissance, évidemment, mais de ceux qui avaient pris le parti du Canada (anglais) contre les Québécois en scolarisant leurs enfants dans la langue de l’ascension sociale, principalement dans les années 1950 et 1960. Quand le Québec s’est levé pour affirmer la langue de la majorité québécoise, ce sont eux qui se sont retrouvés au front pour les Anglais. Aujourd’hui encore, ce sont les immigrants francisés qui sont le moins portés à considérer leur terre d’accueil comme raciste.

Quand Perreault a démissionné de son poste à l’automne 2000, l’investiture péquiste est redevenue un enjeu majeur. Le chef Bouchard, tout en reculs sur les questions nationales et en coupures sur le plan budgétaire, redoutait une rebuffade. La peur de la défaite lui a fouetté le moral pour démissionner en rejetant vigoureusement la faute sur ces maudits racistes du Plateau !

Pour succéder à Perreault, les bonzes se sont rabattus sur un candidat taré (poursuivi pour violence conjugale à l’époque) qu’on voulait faire passer en jouant sur la couleur de sa peau. C’est la gauche indépendantiste qui n’avait pas suivi en optant plutôt pour le candidat Cliche en assez grand nombre (24% des électeurs) pour faire passer la candidate libérale « d’origine néodémocrate » !

Cette manie de jouer de l’ethnique contre l’indépendance nous occupe. Littéralement. C’est la tendance inexorable des empires à suggérer continuellement que l’ethnie qui domine n’est pas ethnique puisqu’elle tolère les coutumes des barbares en son sein. À partir de ce postulat magique, toute ethnie qui se voudrait en compétition avec l’ethnie dominante est source potentielle de folie meurtrière nationaliste et mérite une guerre morale sans merci.

Après sa défaite à l’investiture de Mercier, Sciortino avait donc continué sa croisade en se faisant, notamment, le promoteur du changement de nom du pont Papineau pour celui de l’argentier du Parti libéral du Canada, Pietro Rizzuto. Encore un peu et il aurait demandé qu’on attribue le nom de l’argentier du Parti libéral du Québec, Thomas D’Errico aux viaducs qui enjambaient l’autoroute Papineau et dont l’un s’est effondré dernièrement ! D’Errico était, faut-il le rappeler, propriétaire du célèbre Beaver Asphalte responsable des viaducs du Souvenir et Concorde qui se sont effondrés respectivement en 2000 et 2006.

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